I - L'état de stress
"J'ai des soucis... je
cours toute la journée... je n'arrive pas à faire tout ce
que je voudrais faire... j'ai besoin de repos... je n'arrive plus à
réfléchir, à apprendre... je me sens incompris(e)...
j'ai des trous de mémoire... quand sont donc les prochaines vacances...
je n'arrive plus à dormir... etc".
Le surmenage quotidien, le mauvais sommeil, l'anxiété
du lendemain nous font rêver de retour au calme, de mise au repos.
Nous souhaitons mettre entre parenthèses tous ces éléments
qui nous stressent quotidiennement. Nous souhaitons nous reposer dans le
calme, nous rêvons de ne plus être poursuivis par les soucis
persistants, les difficultés de la vie.
Qui, de nos jours, peut
penser calmement aux lendemains ? Qui peut être sûr de garder
son travail ? Qui est assuré de n'être jamais atteint par
telle ou telle maladie grave ? Qui peut être sûr de ne pas
voir ses proches, ses amis, les gens qu'il aime ou qu'il connaît,
être touchés par les grands fléaux de notre époque
?
Comment répondre,
le moment, venu, à toutes ces agressions, à ces difficultés,
si nous n'avons pas en nous des ressources suffisantes ?
Si, quotidiennement, nous
vivons dans un état limite, nous faisons face plus ou moins
bien, au coup par coup, sans avoir de réserve de calme, de force,
d'énergie pour assumer et réagir, prendre les décisions
qu'il faut, aider notre entourage aux moments difficiles, être disponible
pour un travail supplémentaire important, en un mot être efficace.
Si nous sommes constamment
dans un état limite de consommation de notre énergie,
il nous est impossible de répondre à un choc supplémentaire,
impossible la de maîtriser une situation difficile imprévue.
II -
Un moyen de détente"hors sommeil", la relaxation
Notre organisme a besoin
de repos. Mais au-delà d'un certain seuil de fatigue, physique ou
mentale, un cercle vicieux s'installe : trop de fatigue empêche de
bien se reposer; et moins on se repose et plus on est fatigué...
Il faut alors recourir à
un moyen de détente "hors sommeil" pour amorcer une décroissance
des tensions, pour démarrer un autre système de fonctionnement
qui, au lieu d'accélérer sans cesse vers un but impossible
à atteindre, va nous donner des périodes de repos,
de récupération, des périodes où on
reprend des forces mentales, des périodes où on "recharge
les accus". Ces moments privilégiés sont ceux que l'on
pratique en relaxation par la mise à l'écart de tout ce qui
n'est pas "ici" et "maintenant".
Certains peuvent travailler
beaucoup et longtemps et n'ont de repos que lorsqu'ils abusent de cette
faculté. D'autres se fatiguent vite, sont vite angoissés
par les problèmes de travail ou les problèmes familiaux.
Pour les uns comme pour les autres, la relaxation est un moyen de récupération
privilégié, de retour au calme qui permet, postérieurement,
d'augmenter les possibilités de travail. On travaille mieux lorsqu'on
est reposé, et donc apprendre à se détendre, c'est
apprendre à se concentrer efficacement.
Que faisons-nous lorsque
nous avons peur ? Nous contractons nos muscles au maximum. Si nous allons
au cinéma voir un film de guerre ou bien un film particulièrement
émouvant, notre réaction lorsque nous nous sentons très
impliqués dans l'action, est de nous cramponner au fauteuil.
A la fin du film, on se
sent épuisé, la gorge ou l'estomac noué. L'émotion
suscitée par les images violentes peut être très forte
et provoque dans l'immédiat ces réactions de crispation.
Dans le quotidien, si vous
vivons des émotions moins violentes que celles montrées à
l'écran, il n'en est pas moins vrai que ces émotions provoquent
des réactions. Celles-ci sont moins fortes mais plus souvent répétées
et, accumulées, elles deviennent un état de stress dont on
a du mal à se défaire au moment du repos nocturne, et qui
alourdissent notre travail diurne.
Cet état de l'affectivité
retentit sur notre corps tout entier : c'est la physiologie de notre respiration,
de notre circulation sanguine, notre sudation qui sont modifiées.
L'accumulation d'anxiété provoque même des désordres
digestifs ou intestinaux. Cet état constant de tension psychique
et musculaire, même s'il est peu important, est une perte d'énergie.
Toute tension est une perte d'énergie qui pourrait être utilisée
à des fins de réalisation.
La relaxation est un moyen
de lutte contre les facteurs de fatigue. C'est un moment où l'on
supprime les agressions extérieures qui perturbent notre système
psychique et nouent notre système musculaire.
Par un moment de concentration
mentale, nous mettons au repos tout notre corps, notre système respiratoire,
cardio-vasculaire et musculaire, car c'est par là que passent les
émotions qui nous marquent quotidiennement.
La Rochefoucault disait
déjà au 17ème siècle : "Quand on ne trouve
pas son repos en soi-même, il est inutile d'aller le chercher ailleurs".
En effet, il est inutile
d'aligner des kilomètres entre son lieu de vie habituel et son lieu
de vacances si on emporte avec soi tous ses tracas.
Faire de la relaxation,
c'est trouver là, sur place, un moment où on évacue
tous les ennuis de la vie, tous les tracas quotidiens. Un moment de relaxation
permet de se retrouver soi-même, bien dans son corps. Se relaxer,
c'est souffler un peu, dire "pouce" au quotidien, à l'afflux de
travail et de charges, se réserver un moment à soi, où
l'on ne pense qu'à soi, où le retour à l'intérieur
de soi-même permet de mettre de l'ordre dans ses idées et
ses sentiments, et de retrouver des forces nouvelles.
D'un moment de relaxation,
nous sortons calmes, détendus, de bonne humeur, prêts à
voir le côté positif des choses, plus aptes à résoudre
nos problèmes, plus disponibles aux autres, qu'ils soient nos conjoints,
nos compagnons ou nos amis.
Un moment de relaxation,
pratiqué régulièrement, régénère
nos forces vitales fondamentales.
La relaxation est bénéfique
à tous ceux qui, sans être vraiment malades, vivent leur corps
sous la contrainte, sont nerveux, dorment mal, fument trop. Elle permettra
de se reposer à tous ceux qui ont un travail intellectuel demandant
de longues périodes d'attention et de concentration, comme par exemple
lors d'un travail sur ordinateur. Elle permet d'atténuer tous ces
troubles qui sont autant de maux qui viennent de notre civilisation.
III
- Le"relaxateur"
Dans ces moments de repos-relaxation, on a besoin
d'être "accompagné", à la fois par le groupe
des autres et surtout par le relaxateur, le thérapeute qui
conduit la séance.
Il est très important, pour que puisse se
faire cet abandon du monde extérieur, de savoir que quelqu'un est
là, qui veille sur nous pendant notre repos. Cet accompagnateur
doit maîtriser certes un certain nombre de techniques de relaxation,
mais d'abord, il est fondamental qu'il ait vécu lui-même
la relaxation comme quelque chose de positif. On ne peut faire ''bien
vivre" à quelqu'un que ce que l'on a soi-même bien vécu.
Il faut aussi que la pratique de ces techniques
repose sur des connaissances physiologiques et sur des connaissances
psychologiques.
Les méthodes de relaxation sont, comme le définit R. Durand
de Bousingen, "des conduites thérapeutiques, ré-éducatives
ou éducatives, utilisant des techniques élaborées
et codifiées s'exerçant spécifiquement sur le secteur
tensionnel et tonique de la personnalité... C'est une technique
de recherche de repos le plus efficace possible".
(La relaxation - R. Durand de Bousingen- Que sais-je ? NO 929.P.U.F.)
Ce repos ne peut avoir lieu que si des liens de
confiance sont établis avec le moniteur de relaxation. On ne s'abandonne
vraiment complètement que si 1 'on se sent en sécurité.
Si un doute persiste, on ne pourra tirer tous les bénéfices
de la relaxation, parce que le processus de mise au repos sera arrêté
quelque part.
Pour que ces liens de confiance s'établissent
avec la personne qui vient demander à faire de la relaxation, il
faut que cette personne trouve en face d'elle quelqu'un de calme, bien
dans sa peau, qui prend le temps de l'écouter parler et qui l'écoute
réellement, quelqu'un qui va savoir garder comme confidentiel, tout
ce qu'elle sera amenée à dire.
IV
- Connaissances nécessaires au moniteur de relaxation
Le moniteur de relaxation
va donc, compte-tenu de tout ce qui a été dit précédemment,
connaître :
- d'une part l'ensemble des aspects physiologiques qui sont mis en oeuvre
dans la relaxation puisque notre corps y est totalement impliqué.
Plus particulièrement les phénomènes respiratoires,
les muscles, la transmission nerveuse, le tonus musculaire, et les états
de conscience.
- directe avec le processus de relaxation, ainsi qu'un certain nombre de
données sur la pathologie mentale afin de pouvoir déterminer,
le cas échéant, qui on est susceptible d'accueillir dans
un groupe de relaxation-détente.
Nous étudierons ensuite
les différentes méthodes de relaxation.
Nous parlerons, entre autres,
du Training Autogène de Shultz, de la méthode de relaxation
de Jacobson, de la Sophrologie, de la relaxation psycho-sensorielle de
Vittoz, ainsi que d'un certain nombre d'autres méthodes, moins connues
mais souvent utilisées.
Ces connaissances sont un
apport théorique de base nécessaire à la pratique
des différentes techniques de relaxation.
Ce qui est important, c'est
de pouvoir faire le choix d'une méthode, car la méthode que
l'on sent le mieux est celle qui passera le mieux et qui sera la plus efficace
auprès des groupes que nous aurons en charge de relaxation.
Les techniques s'appliquant
à des humains normaux sont à visée préventive
et éducative. Il s'agit d'apprendre à se reposer, à
récupérer son énergie. C'est l'harmonie interne au
corps qui est restituée, l'harmonie du sujet en relation avec son
entourage.
Ces techniques de relaxation,
pratiquées en groupe, ont un effet tonique sur les individus, et
enrichissant par les relations inter-individuelles se nouant au cours des
séances.
Maintenant que toutes ces précisions ont été
données, préparons-nous pour un moment de relaxation. Vous
enfilez des vêtements de détente, style survêtement
ou jogging, des vêtements dans lesquels votre corps est sans contrainte,
dans lesquels vous vous sentez bien. Vous vous installez confortablement
sur un siège ou au sol sur un tapis avec des petits coussins moelleux...
Vous y êtes ?... Vous respirez profondément... Très
profondément.. Encore, ... Plusieurs fois...
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