L'HYPNOSE : LA PREMIERE ETAPE


 
 
 
 
    La sophrologie est surgie quoi que l'on en dise de l'hypnose, comme d'ailleurs, les techniques de relaxation.
    L'hypnose est aussi à la source d'autres thérapies telles que par exemple la psychanalyse.
    Le Professeur Henri Baruk, affirment qu'elle est «à l'origine de la création de la lère doctrine psychosomatique en médecine» (H. Baruk... l'hypnose - Paris - PUF - collection Que sais-je ? 1972). Freud emploie d'ailleurs pour nommer la psychanalyse le terme d'analyse hypnotique. L'emploi du terme psychanalyse a consacré l'abandon de la catharsis sous hypnose et de la suggestion, et le recours à la seule règle de libre association pour obtenir le matériel.

    L'hypnose est évidemment un sujet passionnant vivement controversé car on peut constater dans ce domaine l'absence de critères objectifs, du moins scientifiquement parlant. Le phénomène hypnotique étant instable et inconstant.
    Ce phénomène qu'on appelle donc actuellement l'hypnose est connu par son utilisation thérapeutique depuis les temps les plus anciens. C'étaient souvent les prêtres qui en faisaient usage.
 

I - L'historique de l'Hypnose
 

    Les origines les plus anciennes concernant l'hypnose semblent provenir de l'Orient (techniques du yoga méditation)
    Certains auteurs considèrent que la pratique de l'hypnose commença «avec la naissance de l'homme». 4000 ans avant J.C., les sumériens la pratiquaient déjà selon les méthodes actuelles.
    L'Egypte ancienne se servait de l'hypnose comme moyen thérapeutique. Ce sont les papyrus en particulier le papyrus Ebers, vieux de 3000 ans, qui nous révèlent les méthodes employées, identiques aux nôtres. Certains documents égyptiens parlent de l'imposition des mains. Les Grecs quant à eux, désireux de guérir sous hypnose dormaient dans les temples et se soumettaient à tout une série de rituels (bains, ablutions, suggestions, médiums, etc ... ).

        C'est environ au 6ème siècle, que l'hypnose fut remplacée par des pratiques religieuses (prière, eau bénite, relique des martyrs, imposition des mains ... ). Sous l'inquisition, toute personne qui pratiquait l'hypnose se rendait coupable de conjurer Satan, c'est pourquoi, cette méthode sombra dans l'oubli.

        L'histoire officielle avance que l'hypnose est née au 18ème siècle et serait le fruit des travaux de Franz Anton Mesmer sous le nom de « magnétisme animal ».
    Franz Anton Mesmer, physiologiste ou charlatan, aurait «emprunté» son savoir au physicien Jésuite Kircher. Ses recherches auraient été influencées par les guérisons surprenantes du Père Joseph Johann Gassner.

    Franz Anton Mesmer vécut jusqu'en 1815. Né en 1734 dans une bourgade allemande du nom de Iznang (près du lac Constance) était normalement destiné à la prêtrise, étant le 3e de 9 enfants. Il entreprit donc des études de théologie à l'université Jésuite d'Ingolstadt et s'inscrivit ensuite à la faculté de droit de Vienne, pour enfin s'orienter vers des études de médecine en 1760. Celles-ci durèrent 6 ans. Il présenta à Vienne une thèse intitulée «L'influence des planètes sur les maladies humaines» qui lui valut le titre de Docteur. Il était alors âgé de 33 ans.


 
    Son procédé permettait de soigner plusieurs personnes et se déroulait dans une ambiance musicale. D'après lui, il existait un fluide universel pouvant se transmettre d'un sujet à un autre.  Pour Mesmer, ce fluide était l'expression d'un courant matériel, et, à l'aide de passes, l'opérateur provoquait des « crises » de nature convulsive et obtenait ainsi une distribution du fluide plus harmonieuse et curative dans le corps malade. Ces théories dépourvues de fondement scientifique ont néanmoins posé pour la première fois le problème d'une relation dynamique entre le malade et son thérapeute.
    En 1784, le roi Louis XVI ordonna à l'Académie des Sciences d'examiner la doctrine de Mesmer.  Au milieu de discussions passionnées sur le magnétisme animal, le roi nomma une commission composée de savants éminents pour vérifier les assertions de Mesmer. Dans deux rapports célèbres, les membres de cette commission condamnèrent le magnétisme animal : ils conclurent à l'inexistence du fluide et attribuèrent à l'imagination certains des effets d'ordre physiologique et curatif obtenus. La théorie sur le fluide animal fut alors discréditée. Ainsi, sans s'en douter, les rapporteurs, en mettant l'accent sur le pouvoir de l'imagination, préfigurèrent l'avènement de la médecine psychologique. Dans la même année 1784, un élève de Mesmer, le marquis de Puységur, décrivit le somnambulisme artificiel sans crise convulsive, qui permet une communication verbale avec le sujet. Il inaugura ainsi la thérapie par le langage.

 
    C'est à partir de Mesmer que trois mouvements de pensées sur l'hypnose furent développés.

                    1) Le fluidisme basé sur le mesmérisme et qui repose sur la croyance en un fluide provoquant une action thérapeutique survenant suite à des passes et des manipulations.

                    2) Une période nouvelle, plus scientifique, s'ouvrit en 1843 avec un chirurgien de Manchester, J. Braid, qui introduisit le mot « hypnotisme » (du grec hypnos , sommeil) ; le mot « hypnose » ne sera utilisé qu'une trentaine d'années plus tard. Il réfuta définitivement la théorie fluidique pour la remplacer par une explication neurophysiologique et substitua à la technique des passes celle de la fixation d'un objet brillant. Plus tard, il admit l'action de la suggestion verbale.
    C'est un médecin de campagne français, A.-A. Liébeault, qui reprit à Nancy (1866) les travaux de Braid en insistant sur l'aspect psychologique de l'hypnose et sur la suggestion.
    Ce courant neurophysiologique fut mené par le chirurgien ophtalmologiste Anglais James Braid et le Neurologue Jean-Martin Charcot. Ils mirent en évidence d'une part, l'action créative due à la suggestion et d'autre part, les modifications fonctionnelles du cerveau provoquées par la parole. Sceptique, James Braid expérimenta sur sa femme, un ami et son domestique le phénomène hypnotique et fut le premier surpris lorsque tous trois sombrèrent en un profond sommeil hypnotique que Braid nomma hypnose. Pour J. Braid, l'hypnose résulte de l'influence sur le système nerveux à des fins curatives par la suggestion et par l'intermédiaire de moyens artificiels tels par exemple fixer son doigt ou fixer un objet brillant. C'est d'ailleurs J. Braid qui eut le mérite d'introduire cette technique de fixation visuelle d'objets dans le processus hypnotique. C'est à lui, que nous devons aussi le terme d'hypnotisme.
    Charcot était un médecin de renommée mondiale qui vécut de 1825 à 1893 et qui a effectué de nombreux travaux sur les maladies nerveuses. J. Martin Charcot considérait l'état hypnotique, en fait, comme un état hystérique. Il faut toutefois souligner, que Charcot expérimentait l'hypnose sur des sujets malades. Ce qui influença son point de vue et le rendit peu crédible et par ailleurs augmenta les préjugés concernant l'hypnose en France.

                    3) Le 3e mouvement considère l'aspect psychologique du phénomène.
    Puységur, les scientifiques Liebault, Bernheim et Janet insistèrent sur la suggestibilité et les indications psychologiques qu'entraîne la suggestion. Liebault était un obscur médecin de campagne qui vécut de 1823 à 1904. Il se consacra à des travaux sur l'hypnose connaissant les recherches de Braid. Comme lui d'ailleurs, il utilisait la fixation d'objets et la suggestion par la parole.
    Il considérait que si on pouvait provoquer par suggestion ce sommeil et créer pendant celui-ci des phénomènes spéciaux tels que des contractures, des paralysies etc, il était également possible de guérir des états pathologiques.
    C'est Bernheim, qui en collaborant et en reprenant ses travaux le fit sortir de l'ombre. Bernheim était Alsacien et professeur de clinique médicale de Nancy.
    Il perfectionna les techniques de Liebault et mit au point l'hypnothérapie moderne.
    Dans son ouvrage: «De la suggestion» (Paris - CEPC Retz 1975) Bernheim affirme: «Les phénomènes de suggestion ne sont pas fonction d'un état magnétique, ni d'un état hypnotique, ni d'un sommeil provoqué, ils sont fonction d'une propriété physiologique du cerveau qui peut être actionné à l'état de veille, la suggestibilité».
    Pour lui, l'état d'hypnose est la résultante normale des suggestions émises et peut survenir chez toute personne normale.
    Le sommeil, comme certains états modifiés de conscience accroissent la suggestibilité et provoque ou augmente «la créativité» (Bernheim). C'est à dire la foi, en supprimant le raisonnement et en favorisant par exemple les facultés d'imagination. Il s'agit ici de croire sans exiger des preuves rationnelles et matérielles de notre croyance.
    D'ailleurs, Emile Coué qui vécut de 1857 à 1926, appuya toute sa doctrine sur l'autosuggestion. Sa maxime était la suivante :
«Ce n'est pas la volonté qui nous fait agir, mais notre imagination».
    Coué enjoignait à ses malades de se répéter vingt fois le matin et le soir: «tous les jours, et à tous points de vue, je vais de mieux en mieux».
    Emile Coué était un pharmacien de Nancy. Auteur du livre : «la main de soi-même par l'autosuggestion consciente».
    Les travaux de Janet complètent les théories précédentes et ouvrent les portes aux théories freudiennes. Se basant sur les phénomènes de dédoublement de personnalité, il émet l'hypothèse d'une deuxième conscience dissociée dont l'hypnose découlait
    C'est toutefois grâce au chercheur russe Pavlov(1849-1936),par l'intermédiaire de sa fameuse expérience «du chien de Pavlov» que nous avons bénéficié de quelques éclaircissements sur les relations psychosomatiques et les phénomènes hypnotiques. Nous devons toutefois à L.M Cron (praticien américain) une certaine réhabilitation de l'hypnothérapie grâce à la publication de ses ouvrages («Auto hypnose et Hétéro hypnose ou encore «Auto-Hypnose») dans lesquels les procédés exposés sont accessibles au grand public.
 

II - Mais qu'est-ce que l'Hypnose ?

    En effet, qu'est-ce que l'hypnose ?

        - Les théories en présence

    Les théories sur l'hypnose se répartissent en trois tendances, inspirées respectivement par la physiologie, la psychologie expérimentale et la psychanalyse.

    Les théories physiologiques sont centrées sur les rapports entre le sommeil et l'hypnose considérée par les pavloviens comme un sommeil partiel. Dans le sommeil normal, l'écorce cérébrale est inhibée, mais cette inhibition laisse pourtant subsister des « points vigiles » qui permettent une communication élective avec l'extérieur ; ainsi une mère profondément endormie, qui ne réagit pas à des bruits intenses, peut être réveillée par les faibles pleurs de son enfant. Dans l'hypnose, il se crée artificiellement ces « points vigiles » qui rendent possible la communication entre le sujet et l'opérateur. Cet état de sommeil partiel, intermédiaire entre le sommeil et la veille, comporte des phases hypnoïdes, ou phases de suggestion, pendant lesquelles diverses modifications physiologiques, impossibles dans l'état de veille, peuvent se produire. Pour les pavloviens l'existence des « points vigiles » est confirmée par l'expérimentation en physiologie animale : un chien conditionné à un son de trompette accompagnant l'apparition de la nourriture se réveille seulement à ce son et demeure insensible aux autres bruits, même plus intenses.

    Mais il paraît difficile de transposer à l'homme les résultats d'expériences faites sur ces animaux ; en effet, le langage, comme l'admet Pavlov lui-même, ne saurait être assimilé à un stimulus physique. D'autre part, l'assimilation de l'hypnose au sommeil n'a pu être confirmée par des tracés électro-encéphalo -graphiques. Dans les années soixante-dix en U.R.S.S., le nombre de partisans de cette théorie a nettement diminué.
    L'absence de signes physiques dans l'hypnose a fait abandonner la théorie somatique de Charcot au profit de celle de Bernheim, d'après laquelle tout est suggestion. Partant de ce point de vue, les psychologues expérimentaux, notamment C. L. Hull aux États-Unis vers 1930, se sont attachés à étudier la suggestibilité qui, pour l'essentiel, serait une forme d'« apprentissage » ; l'hypnose allait perdre en quelque sorte sa spécificité. Mais, par la suite, ces chercheurs se sont trouvés obligés d'admettre que la suggestibilité ne doit pas être confondue avec l'hypnose qu'elle accompagne selon des doses variables.
    D'innombrables travaux sont en cours aux États-Unis pour trouver des signes spécifiques du comportement des sujets hypnotisés. En éliminant, suivant Orne, les « artefacts » qui seraient le produit des influences socio-culturelles d'une époque et des éléments communiqués consciemment ou inconsciemment par l'hypnotiseur, on devrait arriver à cerner l'« essence » même de l'hypnose.
    L'aptitude d'un sujet à être hypnotisé est un problème qui préoccupe spécialement les psychologues expérimentaux.

    On distingue en gros trois stades dans la transe hypnotique : transe légère, moyenne et profonde. Il existe relativement peu de sujets (environ 1 p. 100 de la population) qui soient capables d'entrer en transe profonde, dite « somnambulique », dans laquelle l'hypnotisé peut garder les yeux ouverts, se mouvoir et se comporter apparemment comme dans son état habituel, mais répond docilement aux suggestions qui lui sont faites. Parmi ces derniers sujets, il en est qui sont capables de subir des interventions chirurgicales sans l'aide d'aucun agent chimique, d'autres chez qui l'on peut produire des brûlures au deuxième degré par suggestion (vésication). On n'a pas trouvé de corrélation entre la réceptivité à l'hypnose et la constitution physique et psychique des individus (caractère extraverti ou intraverti, race, sexe, statut social, niveau intellectuel). L'étude du comportement superficiel ne suffit pas pour élucider ce qui reste encore un mystère, et certains des psychologues expérimentaux, E. R. Hilgard en particulier, reconnaissent la nécessité de prendre en considération l'histoire du sujet et ses motivations inconscientes. Par là s'ouvre le dialogue avec les représentants de la psychologie des profondeurs.

    La théorie psychanalytique de l'hypnose a subi une évolution depuis Freud. À l'origine, l'état hypnotique était interprété en fonction des désirs instinctuels du sujet. Tout était centré sur le transfert, c'est-à-dire sur le fait qu'un sujet peut reporter sur un autre, dans le présent, les sentiments qu'il a éprouvés à l'égard de ses parents dans sa petite enfance ; en l'occurrence l'hypnotisé, par un phénomène de régression psychologique, transfère sur l'opérateur une attitude de soumission et d'obéissance absolues. Le concept de transfert a permis de comprendre le contexte relationnel de l'hypnose et son utilisation thérapeutique, mais non l'essence même du mécanisme hypnotique. Par la suite, à côté des forces pulsionnelles en jeu, on a pris en considération la dimension corporelle, sensori-motrice, c'est-à-dire la possibilité d'obtenir l'hypnose non seulement par une action « psychologique » mais par une action « physique » impersonnelle exercée sur le corps du sujet, donc sans transfert. On en est ainsi arrivé à une nette distinction entre le processus d'induction et l'état hypnotique lui-même qui sont dissemblables, tant du point de vue psychologique que du point de vue physiologique (Kubie et Margolin, 1944).
    L'induction pouvant être opérée dans certains cas sans processus relationnel apparent, le rôle du transfert dans l'état hypnotique est controversé. Pour M.Gill et M. Brenman (1959), le transfert est un élément constitutif de l'hypnose, tandis que pour Kubie (1961) ce n'est qu'un épiphénomène qui peut apparaître ou non. D'après ce dernier auteur, la spécificité de l'hypnose ne se situe pas uniquement sur un plan purement phychologique, elle est d'essence psycho-physiologique. L'hypnotisé finit par se confondre avec l'hypnotiseur ; ils paraissent « s'engloutir réciproquement ». Quand son mécanisme sera connu, elle sera d'après lui « l'un de nos instruments essentiels pour l'étude du sommeil normal, de l'état de veille normal et de l'interaction continuelle entre processus normaux, névrotiques et psychotiques ».
 
 

III - Technique et Thérapeutique
 

    Il existe plusieurs techniques d'induction qui varient avec l'opérateur et s'adaptent à la personnalité du sujet. Toutefois, certaines conditions sont généralement requises, en totalité ou en partie :

                    - diminution ou exclusion des stimulations extérieures, de manière à créer une ambiance favorable à la détente et au sommeil du sujet en position assise ou allongée ;
                    - fixation de l'attention, soit par un objet, soit par un groupe d'idées ; la fixation par le regard ou la fascination, bien connue du public des music-halls, relève du folklore et n'est pas utilisée par les chercheurs ;
                    - stimulations auditives : l'opérateur répète les suggestions d'une voix monotone ; le ton autoritaire employé autrefois a fait place à une approche plus souple adaptée aux différents cas ;
                    - l'établissement d'un « rapport » c'est-à-dire d'une relation de confiance entre le médecin et le malade, surtout si l'hypnose doit être utilisée dans un but thérapeutique.

    L'action thérapeutique de l'hypnose s'opère généralement par voie verbale, mais peut également s'exercer par voie non verbale. Le seul fait, pour le malade, de se trouver sous hypnose sans l'intervention parlée de l'opérateur lui est parfois bénéfique, dans certains cas privilégiés. On fait ainsi des séances d'hypnose prolongée agissant comme une « cure de sommeil ». Le mode d'action de cette technique sera interprété par les tenants de l'explication physiologique (école pavlovienne) comme un effet physique bienfaisant produit par une « inhibition restauratrice » des fonctions cérébrales. Les défenseurs de la psychologie subjective parleront d'un état de régression psychologique particulière. Quelles que soient les théories, dans la pratique, l'action thérapeutique s'opère généralement par la communication verbale : cette communication se fait par des suggestions directes visant à la levée des symptômes mais peut comporter également, surtout chez les auteurs russes, un caractère persuasif et éducatif ayant pour but le reconditionnement du malade à des attitudes plus saines. Le patient reste passif. Un autre mode d'application de l'hypnose qui suppose une certaine participation de ce dernier, est la méthode cathartique (c'est elle qui a ouvert la voie à la psychanalyse). Grâce à elle, on fait revivre au patient des émois refoulés, liés à des traumatismes, cette reviviscence pouvant amener la disparition des symptômes.
    Signalons enfin l'hypno-analyse, qui combine les procédés hypnotiques et analytiques (association libre et interprétation). Cette technique n'est pas encore codifiée dans les détails, mais elle apparaît prometteuse avec les derniers développements de la théorie psychanalytique qui vont être indiqués.

     A l'Ecole de Psychologie : - Cet adolescent, Messieurs, est un exemple complet de ce que peut produire une mauvaise éducatuion : onychophage, paresseux, susceptible, vaniteur, et menteur, il est aussi quelque peu voleur. Il abuse de l'onanisme. De plus, toutes les nuits, il pisse copieusement dans son lit. Eh bien ! A l'Institut médico-pédagogique de Créteil, par l'application de nos méthodes d'hypnotisme, il nous sera possible de le transformer en un jeune homme charmant, bien élevé, honnête et studieux. Cependant, comme je ne me reconnnaît pas le droit de le priver des plus agréables satisfactions, je ne le rendrais qu'à demi-vertueux... Il ne faut abuser de rien, pas même des meilleures choses.

 
Mais qu'est-ce que l'état hypnotique ?

    Définir l'état hypnotique n'est pas chose simple et aucune théorie ne donne un énoncé précis à ce sujet. Liebault avance que l'état hypnotique est un sommeil provoqué. Bernheim le définit comme un état psychique particulier provoqué et pouvant varier en fonction de la suggestibilité du patient.
    Pour Pavlov, l'état hypnotique est situé entre la veille et le sommeil. Ce serait l'état de semi-inconscience pendant lequel les fonctions physiologiques diminuent et les fonctions psychiques s'accroissent.
    Le British Medical Association le définit comme suit: (référence d'après «l'hypnose» du Dr Chertok Payot 1969) «l'hypnose est un état passager d'attention modifiée chez le sujet, état qui peut être produit par une autre personne et dans lequel divers phénomènes peuvent apparaître spontanément ou en réponse à des stimules verbaux ou autres».
    Ces phénomènes comprennent un changement dans la conscience et la mémoire, une susceptibilité accrue à la suggestion et l'apparition chez le sujet de réponses et d'idées qui ne lui sont pas familières dans son état d'esprit habituel.
    En outre, des phénomènes comme l'anesthésie, la paralysie, la rigidité musculaire et des modifications vaso-motrices peuvent être dans l'état hypnotique, produits ou supprimés.

    Cet état s'accompagne d'autres phénomènes tels que par exemple sensation d'engourdissement ou de lourdeur, somnolence, hallucinations visuelles et auditives, analgésie, amnésie transitoire, mouvements automatiques etc...
    Toute hypnose en fait, est une auto-hypnose, voire une autosuggestion qui suppose donc, le consentement du sujet, son acceptation de l'idée qui va lui être suggérée. Distinguons toutefois, l'hypnose de la suggestion. Celle-ci se définit comme suit :
    la suggestion est en fait le moyen de créer chez autrui ou soi-même, l'image d'une idée donnée. S i l'image est claire et précise, elle sera facilement enregistrée par le subconscient et ses effets n'en seront que plus durables. La suggestion se réalise par la pensée qui a son tour engendre l'image mentale qui va programmer la réalisation. Ceci doit s'effectuer avec foi, avec conviction et se réalisera selon l'intensité de degré de notre croyance.

    Ces facteurs s'accompagnent d'autres éléments à ne pas négliger comme :
                    - le pouvoir de persuasion de l'hypnotiseur,
                    - la coopération du sujet à hypnotiser.
 

Comment peut-on hypnotiser ?

    Une séance d'hypnotisation se déroule en 4 parties :

        1)La phase des tests de suggestibilité

                a) le test de Kehnstann :
    Il est demandé au sujet de comprimer son côté droit ou gauche très fort contre un mur. On constate lorsque le sujet s'éloigne du mur que le bras comprimé se relève spontanément.

                    b) Le test de balancement :
    Le sujet est debout, pieds serrés, yeux fermés. L'hypnotiseur, place derrière lui les deux mains sur ses épaules, lui donne l'ordre de tomber en arrière dès qu'il retirera ses mains. «En fonction de son degré de suggestibilité, ce patient tombera plus ou moins brusquement en arrière».

                c) Le test des mains serrées :
    Il est effectué la plupart du temps en séance de groupe.
«Serrez fortement vos mains entrecroisées, comptons jusqu'à 5 : 1, 2, 3, 4, 5. Vous ne pouvez plus décroisez les mains».

        2) L'induction hypnotique :
    Il s'agit d'amener le sujet à l'état hypnotique qui se manifeste au premier abord par la fermeture des yeux, l'immobilité du corps, et son relâchement.
    Les techniques les plus utilisées et les plus anciennes sont:
                    - la fixation d'un objet lumineux ou non;
                    - la simple suggestion verbale telle par exemple : «vos paupières sont lourdes, es lourdes, tout à fait lourdes. Vos yeux se ferment et la prise de conscience du sujet: tout se passe comme si vous ne pouviez plus les ouvrir, n'essayez plus de les ouvrir» ;
                        - le métronome combinée à la suggestion verbale.
    On peut aussi employer par exemple des stimules auditifs ou visuels, des boules de cristal etc...
    A partir du moment ou le patient ne peut plus ouvrir les yeux, on peut considérer qu'il est en état hypnotique.

        3) L'approfondissement :
    L'hypnotiseur va s'appliquer dans cette étape à renforcer l'état obtenu. Pour cela, il va employer différentes techniques telles que par exemple :

            a) L'approfondissement par suggestions post hypnotique
    Avant de faire sortir le sujet de sa transe, il est nécessaire de lui suggérer qu'à la prochaine séance, il éprouvera un état de relaxation beaucoup plus profond que celui dans lequel il était le moment présent.

                b) L'approfondissement par la méthode d'hypnose fractionnée de Vogt
    Elle consiste essentiellement à dés hypnotiser et à ré hypnotiser le sujet plusieurs fois au cours de la même séance.

            c) L'approfondissement par superposition de suggestion «pyramiding»
    Cette technique, qui est d'ailleurs celle des hypnotiseurs de Music-Hall, consiste à superposer les suggestions et à suggérer un approfondissement chaque fois que l'une d'elles se réalise. Ainsi, le sujet ayant atteint un état de profondeur, vous lui suggérez qu'il est étendu sur la plage arrière d'un bateau, par une très belle journée d'été; qu'il sent les rayons de soleil qui viennent réchauffer son corps, qu'il voit le long de la côte de très belles villas entourées de jardins garnis de fleurs, que maintenant il laisse son bras pendre dans l'eau, qu'il ressent très bien le contact de l'eau fraîche contre son avant-bras et sa main. Vous vous assurez que chacune de ses suggestions est suivie d'effets et, chaque fois qu'il en est ainsi, vous lui suggérez que son état s'approfondit de plus en plus. Dans cette méthode, en entassant les suggestions les unes sur les autres, vous multipliez leurs effets.

                d) L'approfondissement par combinaison de deux suggestions
    Dans cette méthode, on donne une première suggestion, qui sera celle que l'on veut renforcer, et on la fortifiera en se servant d'une autre qui s'est déjà révélée efficace chez le sujet.
    Exemple : vous prenez le bras gauche de votre patient et vous lui dites «attention, maintenant je vais compter jusqu'à 3 et à 3 votre bras deviendra rigide et plus vous essaierez de le plier, plus ü deviendra rigide. Pendant ce temps là votre main droite sera de plus en plus engourdie, de plus en plus engourdie... de plus en plus insensible».
    Le but recherché est que le sujet prenne conscience du phénomène et qu'il se dise: «Mon bras gauche, c'est exact, est en train de devenir rigide, donc l'anesthésie de ma main droite va s'approfondir». Si le sujet a déjà ressenti une sensation de chaleur, lui suggérer qu'il se sent de plus en plus chaud, sa main droite en même temps devient de plus en plus engourdie, de plus en plus endormie, de plus en plus insensible.

            e) L'index signal
    «Je touche l'index de votre main gauche (ou droite) et vous constatez que vous pouvez le soulever. Cela va vous permettre, si vous le soulevez une fois de signaler que vous voulez sortir de cet état ou que vous désirez répondre à mes questions sans sortir de votre état de relaxation.
    Pour répondre OUI, vous soulevez une fois votre index... Pour répondre NON, vous le soulevez 2 fois ... ».

                f) Approfondissement par les images libres
    Exemple : soit des suggestions de froid pour amener une anesthésie que l'on renforce par des images de glace et de neige. (Utile en cas de soins dentaires pour diminuer les temps de saignement).
    Exemple : soit des suggestions de chaleur, pour lutter contre les douleurs.
    Exemple : soit des suggestions de soif ou de sécheresse de la bouche, utiles pour les extractions dentaires et qui permettent de diminuer le flux salivaire.

             g) Suggestions d'anesthésie thérapeutique
    Anesthésie engendrant froid, sécheresse, avec éventuellement images imposées.

             h) Approfondissement par lévitation de la main et du bras
    Cette technique sensori-motrice vise à provoquer chez le sujet la sensation que le bras s'élève doucement de lui-même. Cette élévation progressive s'accompagne d'un approfondissement de l'état du sujet.

                i) L'approfondissement par représentations visuelles
    La technique la plus utilisée est celle de l'ascenseur. On demande au sujet d'imaginer qu'il est dans un ascenseur au 10e étage, que l'ascenseur va descendre, que à chaque étage son état de relaxation s'approfondira de plus en plus et que lorsque l'ascenseur aura atteint le ler étage, le sujet sera dans un état de relaxation extrêmement profond...

             j) L'approfondissement pour les mouvements automatiques :
    Par exemple :
                    - la fermeture des yeux
                    - la main en éventail chez les femmes
                    - la fermeture des poings chez les hommes.

             k) Le signal - signal
    C'est une convention entre le sujet, et le guide qui permet d'obtenir un état hypnotique très rapide lors d'une séance ultérieure. L'induction étant déclenchée par le signal - signal lui même. Ne jamais omettre de faire un radeau de bien être au sujet à la fin de la séance.

        4) Le réveil :
    Il est important, au moment du réveil, d'annuler les sensations désagréables perçues par le sujet et les ordres hypnotiques avant de passer aux suivants afin d'amener progressivement le sujet à s'éveiller.
    Exemple : «Vous allez bientôt revenir à votre état de conscience habituel... et quand vous serez revenu à cet état de conscience, vous serez détendu, en forme, heureux, décontracté et tonique à la fois. Maintenant, je vous laisse vous reposer quelques instants et ensuite lorsque vous réentendrez ma voix, vous reviendrez calmement, tranquillement à votre état de conscience et recommencerez à sentir les sensations de votre corps...
    Maintenant, je vais vous aider à sortir de votre torpeur...
Je vais compter jusqu'à 3 et quand j'aurais prononcée le chiffre 3 seulement vous pourrez ouvrir les yeux. Je compte...
                    1 - Vous respirez très profondément... C'est très bien... c'est parfait...
                    2 - Maintenant vos membres sont devenus légers, mobiles, souples et toutes les sensations que vous avez ressenties s'effacent...
                    3 - Vous pouvez ouvrir les yeux, si vous le désirez...
 

        - Quels sont les critères nous permettant de vérifier si le sujet est en état d'hypnose ?

        1) La plupart des hypnotiseurs vérifient en cours d'hypnotisation la réalité de leurs suggestions : lourdeur, catalepsie, anesthésie, amnésie,.blocage des paupières.
        2) Il existe peu d'études sérieuses qui ont mis à jour des critères objectifs (sur l'état d'hypnose). On a cependant constaté :
                    a)sur le plan musculaire, on constate de l'hypotonie et de la catalysie
                    b)sur le plan de la sensibilité, il y a augmentation du seuil de l'excitabilité et des modifications
neurovégétatives (ralentissement du pouls, diminution légère de la tension artérielle etc ... )
                    c) toutefois, le résultat thérapeutique n'est pas lié au degré de profondeur de l'état hypnotique mais au degré de suggestibilité du patient.
Bramwell (L. Chertok «l'hypnose» Paris-Payot 1965) après des recherches scientifiques, a porté, à 78 - 97 % le pourcentage d'adultes hypnotisables.

    Si certains sujets sont très suggestibles d'autres, un moindre pourcentage, sont réfractaires. Toutefois, tout dépend du degré d'hypnotisation, qui d'ailleurs est variable d'une séance à une autre. Tout individu est susceptible d'être hypnotisé à condition qu'il soit d'accord consciemment ou inconsciemment mais bien sûr, il le sera à des degrés divers. Il suffit de trouver la technique appropriée en fonction de la compétence de l'hypnotiseur et de la personnalité du sujet     L'hypnothérapie a été appliquée sur presque toutes les pathologies. Initialement utilisée par les médecins généralistes, elle est à l'heure actuelle l'apanage des psychiatres, des psychothérapeutes.
    Elle trouve sa véritable utilité dans le cadre des maladies psychosomatiques.
    A notre époque, de nombreux thérapeutes préfèrent laisser à l'écart les méthodes directives et s'attacher à amener le patient à prendre conscience de ses conflits psychiques et à s'individualiser.
    En fait, tant que le sujet ne sera pas libéré de ses mécanismes de fonctionnement perturbateurs, l'ordre adressé à son inconscient sera inefficace.
    L'hypnose, en fait, ne guérit que le symptôme (celui-ci pourra être déplacé).
    Nombreux sont les psychanalystes qui ont insistés sur la nature relationnelle transférentielle, libidinale et régressive de l'hypnose.
    Cette régression à un état de docilité infantile peut être due à une réduction de l'activité mentale et sensori-motrice mais aussi à la création d'une relation de dépendance avec l'hypnotiseur.

    C'est pourquoi la relaxation et la sophrologie (qui découlent de l'hypnose) sont des méthodes culturellement plus acceptables et efficaces.





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